Alimentation, sommeil, comportements sédentaires et activité physique : comment générer de la motivation via les nouvelles technologies pour encourager des modes de vie plus sains chez les jeunes adultes ?

Édito

Durant les dernières décennies, l’impact de l’alimentation sur la santé a fait l’objet de nombreuses recherches, et les conclusions sont claires : une alimentation saine – et plus largement un mode de vie sain réduit le risque de maladies non transmissibles (OMS, 2023). Malgré ce consensus, les comportements alimentaires des Européens restent perfectibles. La consommation quotidienne de fruits et légumes demeure, notamment, insuffisante.

Ce constat est particulièrement alarmant chez les jeunes de 18 à 34 ans :

  • Ils constituent la population ayant les plus faibles consommations de fruits et légumes (Conner et al., 2017 ; Peltzer et al., 2014).
  • Leurs niveaux d’activité physique sont insuffisants. Malgré un engouement important pour le sport – que ce soit à la télévision ou sur les réseaux sociaux – plus de 30% d’entre eux ne pratiquent aucune activité physique au quotidien (Nikitara et al., 2021).
  • Les comportements sédentaires, un facteur de risque indépendant de la pratique d’activité physique sont également de plus en plus élevés chez cette tranche d’âge : en 2016, plus de 80% des 18-39 ans passaient 3h et plus devant un écran (contre 60,4% des hommes et 53,1% des femmes 10 ans plus tôt). (Santé publique France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2020, n°. 15, p. 296-304, Activité physique et sédentarité dans la population française. Situation en 2014-2016 et évolution depuis 2006-2007).
  • Enfin, les données scientifiques pointent une augmentation préoccupante du manque de sommeil chez les adultes (Shochat T., 2012).

Alors que le mode de vie d’une part importante de jeunes adultes est éloigné des recommandations de santé publique pour une ou plusieurs dimensions, l’édition estivale d’Équation Nutrition met en lumière la place de l’alimentation dans un cercle vertueux vers des modes de vies plus sains. Cette édition examine également l’apport des technologies numériques pour encourager des habitudes de vies saines, notamment chez les jeunes adultes.

Le premier article est une enquête finlandaise évaluant l’association entre la durée du sommeil et la consommation de fruits et légumes. Menée auprès de 5 043 adultes âgés de plus de 18 ans, cette étude démontre qu’une durée de sommeil trop faible (moins de 7h) ou trop importante (supérieure à 9h) est associée à une réduction de la consommation de fruits et légumes. En effet, comparés aux dormeurs réguliers, les petits dormeurs consomment 37g/j de fruits et légumes en moins ; les grands dormeurs (>9h) 73g/j de moins. Ce travail invite à intégrer l’ensemble des composantes du mode de vie – sommeil, sédentarité, activité et alimentation – dans de futures interventions.

Le deuxième article s’intéresse à l’influence des réseaux sociaux et notamment à la promotion de recettes présentées comme “saines”. Ce travail a évalué la conformité de ces contenus avec les recommandations nutritionnelles. Les résultats de cette étude suggèrent que les recettes présentées comme #healthy sur Instagram s’éloignent parfois des recommandations et peuvent, au contraire, encourager des habitudes alimentaires déséquilibrées. Considérant l’influence de ces contenus sur les pratiques alimentaires, ce travail illustre à la fois le besoin de montée en compétence des créateurs de contenus mais également le levier que pourraient représenter les réseaux sociaux pour des interventions en santé publique.

Le troisième article porte quant à lui sur le levier que représente le digital au sens large pour diffuser et amplifier l’accompagnement du parcours de soin. Ce travail passe en revue 47 méta-analyses portant sur l’efficacité des interventions de santé digitales (SMS, Web, applications mobiles) conçues pour améliorer les habitudes de vie. Les résultats montrent notamment que ce type d’interventions améliore l’activité physique, le comportement sédentaire, le sommeil ainsi que la consommation de fruits et de légumes (+0.57 portion/jour).

Ainsi, les connaissances semblent de plus en plus pointer des liens entre nos comportements en matière d’alimentation, de mouvement et de sommeil. Afin d’enclencher un cercle vertueux en la matière, les réseaux sociaux – en jouant sur l’influence des pairs – et les outils numériques – par leur présence permanente dans nos quotidiens – constituent des vecteurs intéressants pour générer de la motivation et accompagner le changement de comportement, notamment chez les jeunes.

Vicky Drapeau Professeure en kinésiologie
Université Laval, Québec
A propos de l’auteur

Vicky Drapeau est titulaire d’un baccalauréat en nutrition et d’un doctorat en kinésiologie de l’Université Laval. Professeure titulaire au Département de kinésiologie de l’Université Laval (Québec, Canada), ses recherches se concentrent sur les comportements alimentaires, le contrôle de l’appétit, et les interventions favorisant l’adoption de saines habitudes alimentaires, la santé métabolique, et la gestion saine du poids. Elle exerce également en clinique, en tant que diététicienne-nutritionniste, depuis plus de 25 ans auprès de différents publics.

Note de l’équipe Aprifel – Également à découvrir dans ce numéro d’Équation Nutrition
  • Notre infographie – Le changement de comportement : un processus personnel, progressif et non linéaire
  • Notre avis d’expert – Fruits et légumes et alimentation du sportif : deux questions à Mathieu Jouys, Diététicien-nutritionniste à la Fédération Française d’athlétisme
  • Nos conseils pratiques – 5 conseils pour manger progressivement plus de fruits et légumes
  • Notre mini-veille de l’actualité scientifique en 5 brèves
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