Insécurité alimentaire : développer des approches multi-composantes conçues en réponse aux besoins des personnes

Avis d’expert – Précarité alimentaire en France : deux questions à Marie Walser

Marie Walser chaire UNESCO précarité alimentaire - Aprifel
Marie Walser Ingénieure agronome
Chaire Unesco Alimentations du monde
A propos de l’auteur

Marie Walser est ingénieure agronome, spécialisée sur les enjeux d’alimentation durable. Elle rejoint la Chaire Unesco Alimentations du monde en 2020 pour coordonner l’écriture de l’ouvrage Une écologie de l’alimentation (2021). Depuis 2022, elle pilote divers projets contribuant à questionner et faire évoluer les modalités de lutte contre la précarité alimentaire en France.

Idée reçue 1 La précarité alimentaire, c’est ne pas manger à sa faim. Vrai & Faux
Pancake dans une assiette précarité alimentaire en France - Aprifel

Ne pas manger à sa faim constitue la forme la plus urgente de précarité alimentaire. Cette situation résulte bien souvent d’un manque de ressources économiques ou matérielles qui ne permet pas aux personnes concernées de se procurer suffisamment de nourriture pour répondre à leurs besoins alimentaires. D’après le Crédoc, cette « insuffisance alimentaire quantitative » concerne 16% de la population française (Crédoc, 2023). Mais la précarité alimentaire s’appréhende aussi du point de vue qualitatif, et se traduit alors par des difficultés d’accès à une alimentation souhaitée, c’est-à-dire qui corresponde aux besoins nutritionnels, aux préférences gustatives et aux pratiques culturelles. C’est le cas notamment lorsque le budget alimentaire est serré et que l’offre alimentaire du lieu de vie est limitée ou encore lorsque l’on reçoit un colis de l’aide alimentaire. A long terme, cette « insuffisance alimentaire qualitative » a, des répercussions sur la santé physique et le bien-être.

La précarité alimentaire revêt aussi une dimension sociale très forte. Dans un contexte où l’alimentation est valorisée comme un marqueur identitaire et un vecteur de liens sociaux, rencontrer des difficultés pour se nourrir (et parfois devoir compter sur autrui pour le faire) conduit à une forme de disqualification sociale, synonyme de honte, d’isolement, voire d’exclusion pour les personnes concernées. Pour les parents, c’est aussi un stress et une source de culpabilité au quotidien, liés au fait de ne pas pouvoir offrir une alimentation de qualité à ses enfants. Bien qu’insuffisamment considérée, cette dimension vécue de la précarité alimentaire est fondamentale pour saisir la violence inhérente au fait de ne pas avoir accès à l’alimentation « comme tout le monde ».

Finalement, la précarité alimentaire ne se résume pas simplement au manque de nourriture C’est une problématique multidimensionnelle qui impacte les personnes concernées dans les différentes sphères de leur vie.

Idée reçue 1 La précarité alimentaire, c’est ne pas manger à sa faim. Vrai & Faux

Ne pas manger à sa faim constitue la forme la plus urgente de précarité alimentaire. Cette situation résulte bien souvent d’un manque de ressources économiques ou matérielles qui ne permet pas aux personnes concernées de se procurer suffisamment de nourriture pour répondre à leurs besoins alimentaires. D’après le Crédoc, cette « insuffisance alimentaire quantitative » concerne 16% de la population française (Crédoc, 2023). Mais la précarité alimentaire s’appréhende aussi du point de vue qualitatif, et se traduit alors par des difficultés d’accès à une alimentation souhaitée, c’est-à-dire qui corresponde aux besoins nutritionnels, aux préférences gustatives et aux pratiques culturelles. C’est le cas notamment lorsque le budget alimentaire est serré et que l’offre alimentaire du lieu de vie est limitée ou encore lorsque l’on reçoit un colis de l’aide alimentaire. A long terme, cette « insuffisance alimentaire qualitative » a, des répercussions sur la santé physique et le bien-être.

La précarité alimentaire revêt aussi une dimension sociale très forte. Dans un contexte où l’alimentation est valorisée comme un marqueur identitaire et un vecteur de liens sociaux, rencontrer des difficultés pour se nourrir (et parfois devoir compter sur autrui pour le faire) conduit à une forme de disqualification sociale, synonyme de honte, d’isolement, voire d’exclusion pour les personnes concernées. Pour les parents, c’est aussi un stress et une source de culpabilité au quotidien, liés au fait de ne pas pouvoir offrir une alimentation de qualité à ses enfants. Bien qu’insuffisamment considérée, cette dimension vécue de la précarité alimentaire est fondamentale pour saisir la violence inhérente au fait de ne pas avoir accès à l’alimentation « comme tout le monde ».

Finalement, la précarité alimentaire ne se résume pas simplement au manque de nourriture C’est une problématique multidimensionnelle qui impacte les personnes concernées dans les différentes sphères de leur vie.

Idée reçue 2 L’aide alimentaire permet de répondre à la précarité alimentaire. Faux
Distribution de nourriture aide alimentaire précarité alimentaire - Aprifel

L’aide alimentaire est un dispositif piloté par le secteur associatif, qui vise à fournir des denrées alimentaires aux publics les plus démunis. Créée dans les années 1980 comme une réponse ponctuelle aux difficultés économiques d’une partie de la population, elle s’est progressivement institutionnalisée et bénéficie aujourd’hui d’un soutien notamment financier des pouvoirs publics. En 2021, entre 2 et 4 millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire d’après l’Insee (Insee, 2022).

Ce dispositif est en constante évolution, et doit aujourd’hui répondre à un certain nombre d’écueils : couverture géographique inégale du territoire, accueil des personnes parfois indigne, mauvaise qualité des denrées distribuées, soutien indirect au système alimentaire industriel… Si l’aide alimentaire est indispensable pour répondre aux situations d’urgence (qui parfois durent dans le temps), et peut constituer une « porte d’entrée » vers des dispositifs de réinsertion, elle reste néanmoins loin de permettre à elle seule de prévenir la précarité alimentaire dans toute sa multidimensionnalité. La reconnaissance d’un véritable droit à l’alimentation, qui garantirait à tout individu un accès digne à une alimentation saine et choisie, constitue l’objectif que devraient aujourd’hui se fixer les pouvoirs publics pour lutter contre la précarité alimentaire. D’ores et déjà, de nombreux dispositifs de solidarités se développent en ce sens, favorisant l’accessibilité physique et financière, la dignité des personnes concernées, la mixité sociale, la qualité de l’alimentation, la juste rémunération des producteur.rice.s… Les expérimentations inspirées du concept de Sécurité Sociale de l’Alimentation en sont des exemples, et offrent une perspective intéressante pour repenser un système alimentaire plus juste et durable.

Idée reçue 2 L’aide alimentaire permet de répondre à la précarité alimentaire. Faux

L’aide alimentaire est un dispositif piloté par le secteur associatif, qui vise à fournir des denrées alimentaires aux publics les plus démunis. Créée dans les années 1980 comme une réponse ponctuelle aux difficultés économiques d’une partie de la population, elle s’est progressivement institutionnalisée et bénéficie aujourd’hui d’un soutien notamment financier des pouvoirs publics. En 2021, entre 2 et 4 millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire d’après l’Insee (Insee, 2022).

Ce dispositif est en constante évolution, et doit aujourd’hui répondre à un certain nombre d’écueils : couverture géographique inégale du territoire, accueil des personnes parfois indigne, mauvaise qualité des denrées distribuées, soutien indirect au système alimentaire industriel… Si l’aide alimentaire est indispensable pour répondre aux situations d’urgence (qui parfois durent dans le temps), et peut constituer une « porte d’entrée » vers des dispositifs de réinsertion, elle reste néanmoins loin de permettre à elle seule de prévenir la précarité alimentaire dans toute sa multidimensionnalité. La reconnaissance d’un véritable droit à l’alimentation, qui garantirait à tout individu un accès digne à une alimentation saine et choisie, constitue l’objectif que devraient aujourd’hui se fixer les pouvoirs publics pour lutter contre la précarité alimentaire. D’ores et déjà, de nombreux dispositifs de solidarités se développent en ce sens, favorisant l’accessibilité physique et financière, la dignité des personnes concernées, la mixité sociale, la qualité de l’alimentation, la juste rémunération des producteur.rice.s… Les expérimentations inspirées du concept de Sécurité Sociale de l’Alimentation en sont des exemples, et offrent une perspective intéressante pour repenser un système alimentaire plus juste et durable.

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